vendredi 29 février 2008

Vallorbe-Gare : Point de raliement pour le CICR








La gare de Vallorbe fut un endroit délicat à gérer pendant la guerre. 2 lignes de chemin de fer en provenance de France passaient en son village. La première, inaugurée en 1877 reliait Vallorbe à Pontarlier ( et Paris ), en passant par le col de Jougne ( FR ). Cette ligne à la déclivité difficile et aux passages dangereux n'était que secondaire depuis 1915, date de la mise en service de la seconde ligne : Vallorbe-Frasnes par le tunnel du Mont d'Or, percé en 1915. Dès 1939 déjà, ces 2 lignes seront bien mal menées !
Le 18 avril 1939, la ligne Vallorbe-les Hôpitaux Neufs via Jougne est fermée au trafic voyageurs, en septembre de la même année, le trafic est fermé par la frontière au Creux.
En juin 1940, les troupes françaises en retraite font sauter la voûte du tunnel du Mont d'Or. Après les réparations, il restera muré en son centre jusqu'en 1945 !
En 1943, les Allemands manquant de métal, déposent la voie entre les Longevilles Rochejean sur la ligne Vallorbe-Frasnes, et font de même sur la portion de voie entre Le Creux ( douane de Vallorbe ) et Jougne. Sur sol suisse, les CFF déposent également la voie. L'acier est fourni aux Allemands, et la ligne ne sera plus jamais réutilisée entre Vallorbe et Jougne !
Mais la gare de Vallorbe reste attachée au trafic sur Lausanne et la Vallée de Joux. Grâce aux maintiens des trains, Victoria, Fred, Jean-François et Georgette peuvent toujours descendre sur le Bassin Lémanique. Dans les grands entrepôts de la gare, des milliers de paquets et de lettres affluent de toute l'Europe, avant de repartir auprès de leurs destinataires. Des milliers de familles qui essayent de prendre des nouvelles d'un être aimé, disparu. Des messages de 25 mots, pas un de plus !

Enfin, petite anecdote :

- Durant la fermeture du tunnel entre 1940 et 1945, un jeune militaire allemand déserteur, utilisa la petite cuillère de sa cantine, et creusa un passage pour se rendre en Suisse ! A peine eut-il fini son passage qu'il fût arrêté par les gardes suisses, et interné à Vallorbe jusqu'à la fin de la guerre.

- A suivre également : L'arrestation du Général Pétain à Vallorbe, et " des ennuis pour Fred dans le train Lausanne-Vallorbe "

mardi 19 février 2008

La Résistance

Dès la rafle du Vél'd'Hiv, les choses se gattent. Les réseaux se multiplient. Victoria ne sait pas dans lequel elle sera, mais une chose est sûr : Ne jamais en parler à personne, jamais. La méfiance est partout !
A Lyon, elle rencontre Minet, et son chef " Rochette " appartenant tout deux à " L'Armée Secrète ". En effet, depuis la disparition de la ligne de démarcation, il y avait beaucoup de messages à faire passer, et très rapidement, par des réseaux efficaces et réguliers. Du côté Suisse, c'est Roger qui s'occupe de tout.
Victoria devint un agent de liaison. Les messages concernaient les Usines métallurgiques qui travaillaient pour l'Allemagne. Il y avait entre-autre : les Usines Renault de Boulogne-Billancourt, Le Creusot etc... En plus, certains messages donnaient d'importantes précisions pour Londres : Les lieux détruits, les dégâts, des échatillons d'acier, des informations sur des nouvelles techniques de construction. Les communications se faisaient toujours via des messages aux apparences banales.

Du côté de Champagnole, La Générale Melliès âgée de 65 ans, était une célèbre résistante, courageuse, intelligente. Elle cachait des évadés, des déportés. Grâce à elle, de nombreux jeunes purent continuer leurs études à Lausanne, après avoir pu rejoindre la Suisse à bord de camion-laitier. Tout cela se passait près de Divonnes les Bains, non loin de Nyon dans le canton de Vaud.

De son côté, Victoria effectuaient de nombreux allers et retours entre Lyon et Paris.
Elle écrit :

  • " Risoux majestueux et secret, tu étais à ce moment là une grande voie internationale. Ah! Si les rochers pouvaient raconter ce qu'ils ont vu et les sapins ce qu'ils ont abrité !"

Proche de la frontière, Fred avait installé une boîte aux lettres ( voir les messages précédents ). Encore en état aujourd'hui, elle a dû en voir des choses passer ! Toujours présente, fidèle, l'amie Georgette était increvable, témoignait Victoria. Elle emmenait parfois aussi des Juifs dans la Vallée depuis l'Hôtel d'Italie , y allait aussi de nuit pour prendre en charge toute nouvelle venue.

  • " Il n'y avait pas que l'aube des matins de printemps, les soirs d'étés ou nous prolongions nos piques-niques, les après-midis d'automne doux et mélancoliques...Il y avait des voyages dans la neige, parfois à moins de 20°. Il fallait brouiller les pistes, car les Allemands étaient toujours là. Nous avions un passé connu, il ne fallait pas l'oublier. "

La rafle du Vél'd'Hiv

C'est en été 1942, en juillet, que va avoir lieu la terrible rafle du Vél'd'Hiv ( vélodrome d'hiver ). C'est à partir de cette date que les choses vont s'accélerer pour nos amis du Jura Franco-Vaudois. Les 16 et 17 juillet 1942, 12884 Juifs, au lieu des 22'000 prévus quittent précipitemment Paris, en direction de l'Allemagne et la Pologne, pour y rejoindre les monstrueux camps de concentration.

Prévue pour le 13 juillet, elle sera décalée parce que la Fête Nationale a lieu le lendemain, et que bon nombre de Juifs sont à l'extérieur à cette occasion.
Au beau milieu de la nuit, des milliers de policiers de la Gestapo frappent aux portes :

- Ouvrez, schnell !

La panique est générale, et totalement imprévisible ! Sous l'effet de cette " bombe ", Victoria Fred Jean-françois et Georgette se verront fortement solicités.
Les événements vont donc se précipiter, et malgré l'approche de l'année 44, plus les mois avanceront, plus les choses se compliqueront. Attentats, camions explosés, attaque de Mouthe, retour des armées allemandes rentrant chez elles et incendiant tout sur leur passage ( Ouradour sur Glâne ), les 2 années à venir s'annoncent terribles ! Les nombreux réseaux vont éclater, d'autres se reformer.. Bref, les choses vont s'accélerer !