mardi 8 septembre 2009

On parle de "Fred" même à Paris !

On peut affirmer que les services de renseignements helvétiques furent, durant toute la guerre, au dessus de tout soupçon de non-démocratie. Certains éléments de la police et de l’armée, sans compter de nombreux politiques, furent parfois pro-nazi, souvent nationalistes et xénophobes. Mais le SR resta farouchement attaché à l’indépendance de la Suisse quitte à favoriser ou tolérer la présence de services d’espionnage, quitte à accepter que le pays constitue une plaque tournante pour les services secrets étrangers.

Sur le plan externe les relations se développèrent avec de nombreux pays et de nombreux mouvements de résistance. En faisant fermer les yeux de la police, de l’armée ou de la douane quand c’était possible : « passages des frontières helvétiques par les agents étrangers facilités, autorisations de séjourner clandestinement sur sol suisse, même sous de fausses identités, souvent fournies par le SR suisse, etc. En contrepartie, les réseaux étrangers communiquent les résultats de leurs investigations en territoires occupés aux services du colonel-brigadier Roger Masson, chef du SR et sous-chef de l’État-major Général. ».

Concernant l’Allemagne nazie, à la fin de la guerre, le rapport du Chef d’Etat-Major de l’Armée précisait que celle-ci avait implanté 1000 agents dans le pays. 865 furent condamnés pour espionnage, 33 condamnés à mort et 17 passés par les armes. Les agents travaillants pour les Alliés, URSS comprise, furent nettement mieux traités.
Sur le plan interne, Roger Masson organisa ses services de renseignements, s’appuyant sur tous ceux qui, en Suisse, pouvaient apporter des informations : cheminots circulant sur le réseau ferré allemand, particuliers habitant les zones frontières faisant office de relais avec les réseaux de résistance. Quitte à se déplacer lui-même pour convaincre ses concitoyens.

je citerai en guise de conclusion l’exemple de Fred Reymond:

« En 1940, l’horloger Fred Reymond, alors âgé de 33 ans, est enrôlé dans le Service de renseignement de l’armée. Car sa connaissance parfaite du Risoud, son excellente condition physique, sa discrétion, sa modestie en font l’homme idéal pour monter un réseau de renseignements. Empruntant «son» passage secret dans le Risoud, près de la Roche-Champion, il allait recueillir des renseignements sur les activités et les mouvements des troupes allemandes. Mais ses agents lui amenaient aussi des personnes traquées qu’il conduisait à son domicile de la rue de l’Hôpital au Sentier où son épouse les prenait en charge. Fred ne s’est jamais soucié ni de l’origine ni de la religion des personnes qu’il a aidées.Accusé après la guerre. Pour récompenser ses agents, Fred leur apportait parfois du tabac ou du café. Cela lui a valu d’être considéré comme un simple contrebandier par les douaniers suisses. Il dut payer de fortes amendes et fut même emprisonné au Sentier. Après la guerre, il fut accusé d’atteinte à la neutralité suisse pour avoir fabriqué de faux papiers. Traduit en justice, il fut acquitté.Il aura fallu la récente publication d’un livre et des témoignages de résistants pour que l’héroïsme de Fred Reymond soit enfin révélé. Cela lui a valu de recevoir, le 27 avril 1998, la médaille des Justes décernée par l’Etat d’Israël. Dans la foulée, la commune du Chenit lui avait accordé, ainsi qu’à son épouse, la bourgeoisie d’honneur.G. H. »


Source :
http://accesnomade.blog.lemonde.fr/category/moeurs/

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