dimanche 26 décembre 2010

Une "Juste" Combière s'est éteinte...



Pour suivre le message précédent, voici un article du Journal "24 heures".

"Une des dernières «Justes» de Suisse s’est éteinte le 18 décembre dernier à Wabern, dans le canton de Berne. La mort de cette femme de 94 ans au destin extraordinaire va certainement attrister de nombreux Combiers. Car c’est bien au Sentier, le 12 avril 1916 qu’Anne-Marie Piguet – qui deviendra Im Hof-Piguet par mariage un peu avant la fin de la Deuxième Guerre mondiale – voit le jour.

Son destin, elle le rencontre alors qu’elle n’a que 26 ans, quand elle décide de renoncer provisoirement à sa vocation d’enseignante pour se mettre au service de la Croix-Rouge suisse, en 1942. Alors que l’horreur de la guerre secoue l’Europe, elle est envoyée au Nord de Lyon, dans un château transformé en colonie pour enfants orphelin, ou séparés de leurs parents. Parmi cette centaine de petits affamés, la Combière dénombre de nombreux Israélites et s’en inquiète, consciente qu’elle est de l’antisémitisme qui gagne la France.

Ses craintes se vérifient quand une rafle - heureusement déjouée - frappe la colonie où elle travaille, en novembre 1942. Anne-Marie Piguet décide alors de faire passer clandestinement ses jeunes protégés à la vallée de Joux. Elle organise une filière en s’associant, en juin 1943, avec deux résistantes françaises du Jura français. A elles trois, elles sauvent plusieurs vies, notamment grâce à la connaissance hors pair d’Anne-Marie Piguet des bois du Risoux. Bon an mal an, elle parvient à faire passer 14 personnes.

La médaille des Justes - qui est décernée à ceux qui pendant la guerre ont risqué leur vie pour sauver des Juifs - lui a été remise en 1991. En mai dernier, elle s’était rendue à la Cinémathèque suisse pour la première projection publique de ses entretiens avec Jacques Poget, transformés en Plans-Fixes."

Anne-Marie nous a quitté




Quelle bien triste nouvelle, j'ai découvert hier, dans la presse helvétique !
Un témoin clef, des années 39-45, des déportations; la créatrice de la filière Anne-Marie Im-Hof Piguet nous a quitté, samedi passé, le 18 décembre. Elle laissera derrière elle un grand vide. Femme au Grand Coeur, douée, mais humble, elle figurait parmi les derniers " résistants " de 39-45. Elle laisse à Jean-François Meylan, et Bernard Bouveret, le soin de laisser les pages de cette terrible période, encore ouvertes. Ils sont les derniers témoins....

J'ai eu la chance de converser avec Anne-Marie en janvier 2008. Ce souvenirs restera gravé pour toujours.

Voici ce que le Journal "Le Matin" écrit à son sujet :

" La Vaudoise Anne-Marie Im Hof Piguet, pacifiste et résistante, est décédée à l'âge de 94 ans. Originaire de la Vallée de Joux, elle avait sauvé des enfants juifs durant la Deuxième Guerre mondiale.

Anne-Marie Im Hof Piguet est morte samedi passé à 94 ans, a annoncé sa famille vendredi. Cette pacifiste née dans la Vallée de Joux avait sauvé une douzaine d’enfants juifs pendant la Deuxième Guerre mondiale, ce qui lui avait valu la médaille des Justes en 1991.

De 1942 à 1944, la jeune femme travaille dans le sud de la France pour l’oeuvre de secours aux enfants de la Croix-Rouge suisse. Elle est le témoin direct de la mise en place de la «solution finale» alors qu’elle s’occupe de garder des enfants juifs dont les parents ont été déportés.

La Combière noue des contacts avec deux résistantes françaises. Elle monte une filière à travers le Risoud et réussit à faire passer la frontière franco-suisse à une douzaine d’enfants juifs.

De retour en Suisse après la guerre, elle fonde une famille avec l’historien Ulrich Im Hof, décédé en 2001. Cette pacifiste s’engage pour le Tiers-Monde et en faveur de l’acceptation des réfugiés en Suisse. Elle participe notamment à la création, en 1959, de la Fondation Swisscontact, active pour une meilleure formation professionnelle dans les pays en voie de développement.

Anne-Marie Im Hof-Piguet a obtenu plusieurs distinctions pour son engagement. Elle reçoit ainsi en 1991 la médaille des Justes à la fondation Yad-Vashem à Jérusalem. Elle emporte, un an plus tard, le prix Doron, doté de 100 000 francs, pour son courage et la conscience de ses responsabilités en des temps difficiles.

Un film

A 82 ans, Anne-Marie Im Hof Piguet devient la première femme distinguée par le prix annuel de la Société internationale pour les droits de l’homme. Lorsqu’elle est honorée en 1991 par sa commune de domicile, Köniz, dans la banlieue bernoise, elle déclare que son engagement durant la Deuxième Guerre mondiale l’a marquée pour le reste de sa vie.

Le film «Plans-fixes - Anne-Marie Im Hof-Piguet, Juste parmi les nations» retrace son histoire et rend hommage à son courage. Il a été projeté à la Cinémathèque suisse au printemps dernier en sa présence. Une cérémonie d’adieu aura lieu le 7 janvier à Köniz (BE), précise les avis mortuaires parus vendredi dans plusieurs journaux.

Anne-Marie Im Hof Piguet était née au Sentier en 1916. Elle avait obtenu une licence de lettres à Lausanne en 1940."

Reste à savoir, si son lieu d'origine; la Vallée de Joux; consentira à lui dédier une vraie cérémonie du Souvenirs.