mardi 1 janvier 2013

3 janvier 1943, l'arrestation à Sous le Risoux

André Bochy, ami de la bande, et petit-ami de Georgette, avait, sans le savoir, un cousin au Brassus, Paul Bochy. Les fêtes de fin d'année approchaient, et Georgette, invitée pour le Réveillon chez Victoria, proposa à Paul de monter à Sous le Risoux pour le 31 décembre 1942, soir du Réveillon, afin d'y rencontrer ce cousin pourtant si proche, lui-même présent.

Et ce qui ne devait être qu'une simple formalité pour Georgette, devînt vite une terrible histoire, voilà tout juste 70 ans ! L'arrivée à Sous le Risoux se passa normalement, malgré l'épaisseur du manteau neigeux. C'est vrai qu'à cette époque, les hivers étaient très rigoureux. Ce fût le cas de celui de 1942-1943. La soirée se déroula de manière sympathique, jusqu'à l'arrivée des Allemands. Ces-derniers avaient aperçus dans la neige les traces de skis laissés à l'arrivée de Paul et Georgette. Ni une ni deux, les deux Suisses gagnèrent le tas de foin situé dans l'étable. Les Allemands intrigués demandèrent à Victoria et Marie-Aimée qu'est-ce que cela voulait  bien dire ? Dans la précipitation, Victoria leur dit

- " Nous avons profité des récentes chutes de neige, avec ma soeur Marie-aimée, nous avons donc skié un peu. "

Rapidement, les Allemands sont rejoints par d'autres collègues. Et l'inspection continue. Alors que la maison est sous surveillance, les paires de skis de nos deux amis suisses sont retrouvées au somment du Gy, que les Allemands ne connaissaient pas. Les skis furent descendus. Face à cette mésaventure, Victoria rajoute :

-" Nous les avons laissé là-haut, pour faire une prochaine excursion". Mais les Allemands n'étant pas dupes, la maison passa au crible."

Après comparaison, les montures des skis ne correspondaient pas aux chaussures de Victoria et Marie-Aimée. Aussitôt, fouille complète de la maison. Une fourche sera même plantée dans un tas de foin, heureusement, il ne s'agira pas de celui où étaient réfugiés les Suisses !

A l'arrivée des Allemands, Victoria avait eu le temps de dire à Georgette :

-"Quand vous n'entendrez plus de bruit, vous courrerez pour rejoindre la falaise du Gy..."

Ce que firent Paul et Goergette, mais en vain. Après un coup de feu tiré en leur direction, ils durent regagner la maison pour passer aux explications. Ceci ne serait jamais arrivé si un Allemand soupçonneux n'était pas ressortit, et n'avait pas constaté que la porte de la grange  était ouverte et qu'il y avait de nouvelles traces de pas dans la neige.

Les explications peuvent donc commencer. Georgette explique alors qu'elle voulait profiter du Réveillon pour revoir ses amis de France, et par la même occasion, présenter les deux cousins. L'histoire paraît plausible aux yeux des Allemands. Dans la soirée, les prisonniers furent ammenés à Chapelle des Bois, rejoint rapidement par les Cordier à la Kommandantur. S'en suit une lognue soirée de Réveillon, à la lueur des lampes à pétrole, proche d'un beau sapin de Noël décoré avec goût.

Quelques jours plutard, Jean-François Meylan; frère de Georgette; gagna Sous le Risoux. 3 jours sans nouvelles de sa soeur et de Paul avaient fini par l'en inquiéter. A son arrivée à Sous le Risoux, il découvrit André, prêt à lui raconter le récit de cette tragique soirée du Réveillon. Triste et déprimé, Jean-François repartit pour la Vallée, ou il ne restait plus qu'à annoncer la mésaventure. Et comme une mauvaise nouvelle n'arrive jamais seul, son ami Galuti venait de se suicider d'une balle dans la tête.

-"Sans doute cela ne serait jamais arrivé, si j'avais proposé d'aller à Sous le Risoux à Gatule, mais lorsque je l'ai croisé en si bonne compagnie ( un couple et une amie ) je n'ai osé le déranger. En plus cela aurait aussi créer des inquiétudes dans la Vallée."

Finalement, ce n'est que fin janvier 1943 que les deux suisses furent relâchés de la prison de ...............Neuchâtel ! Après avoir gagné les prisons de  Pontarlier et Besançon, les Allemands décidèrent de les relâcher en les posant à la douane des Verrières, où, après vérifications, ils furent encore une fois emprisonnés. Sans doute pour leur donner une bonne punition ! Et tout est bien qui finit bien !


En cliché : Victoria Cordier et sa soeur Madeleine, la ferme de Sous-le-Risoux, vue depuis la route.